À propos d'OTEI

Renette François Barber

surnommée Mère Thérésa

Une reine au grand coeur

Présidente Fondatrice de l’organisation Têtes Ensemble Internationale SOS Haïti, couronnée reine, à l occasion de la "Journée Portes ouvertes sur Haïti" à la Maison de la Culture de Gatineau en 2004. Pour remercier Madame Barbier pour ses actions aux services des communautés, elle a été couronnée reine par ses compatriotes haïtiens et elle a reçu le prix de la personnalité de l’année du bicentenaire de l’indépendance d’Haïti pour la réalisation de plusieurs projets humanitaires dans ce pays. En octobre, le journal le Droit et Radio-Canada Télévision en faisaient une de leurs personnalités de la semaine .

Femme de foi, Renette est un exemple de courage de détermination et de persévérance. Diplômée infirmière en Haiti, elle vit au Canada depuis 1970. Après avoir travaillé dans les milieux hospitaliers en Ontario et au Québec, elle prend sa retraite pour se lancer à plein temps dans le communautaire de proximité et d'outre-mer. Son but premier est d'aider les personnes en situation de vulnérabilité ce qui a toujours été sa passion et la mission qu'elle s'est donnée. Au cours des trentes dernières années, elle a fondé de nombreux organismes pour remplir cette mission, entre autres une cuisine communautaire pour aider les familles des enfants qui souffraient de malnutrition et La Cellule de Réveil de la communauté Haïtienne afin d'encourager les familles haitieennes et les amis d'haiti à oeuvrer pour la délivrance d’Haïti. Elle a aussi fondé l'organisation Têtes Ensemble pour l'intégration des jeunes immigrants (organisme à but non lucratif qui oeuvre à Montréal à Ottawa et dans la région de l'Outaouais ), Têtes Ensemble Internationale pour Haiti, organisme qui a pour mission de promouvoir le développement durable

La perle des Antilles

Chaque semaine, Le Droit, en association avec Radio-Canada, honore une personnalité de la communauté qui s’est particulièrement distinguée. Aujourd’hui, nous honorons Madame François Barbier qui dirige le mouvement d’aide envers les victimes des ouragans en Haïti.

Reportage réalisé par Marc André Joanisse du journal Le Droit 

 

 

Un jour, sa mère lui a demandé de poursuivre son œuvre. De s’occuper des enfants et des personnes âgées dans le besoin.

Sa mère est décédée et Renette François Barbier n’a jamais abandonné. Bien au contraire. Maman a de quoi être ravie. Sa fille, la troisième de neuf enfants, est devenue une figure indispensable de la diaspora. 

C’est le récit d’une femme courageuse, dynamique, visionnaire, déterminée et altruiste, décidée à faire l’impossible pour que Haïti redevienne un jour la perle des Antilles.

« J’ai tellement reçu de la vie que j’ai toujours le goût de donner« . Ce sens du partage s’est manifesté lors du retour au pays après une absence de 28 ans. Ce qu’elle a vu l’a complètement débobinée. « J’avais laissé mon pays dans un état de pauvreté et je l’ai retrouvé dans la misère. » C’était en 1999, bien avant le passage dévastateur de l’ouragan Jeanne dans les Gonaïves, le mois dernier.

 

Renette François Barbier est née à Duval et a grandi aux côtaux , dans le sud d’Haïti.
Son père était un évangéliste et un propriétaire terrien. Il cultivait et exportait du café, de la banane et du noir de coco sur sa terre de 11 hectares. La mère était visionnaire et le père, aussi. Il a entre autres fondé une école d’alphabétisation.

 

« J’ai grandi dans une famille stable et nos parents nous ont donné beaucoup d’amour. Ils nous ont également enseigné la générosité ». Cette grande générosité se manifestera tout au long de son cheminement . Et quelle route pour cette infirmière de formation et de carrière et présidente de Têtes ensemble national et international SOS HAITI.

 

Le 15 Août 1970, quelques mois avant la crise d’octobre, Renette François Barbier arrive à l’aéroport de Dorval avec deux nouvelles amies, deux Québécoises étudiantes en sciences infirmières, rencontrées en Haïti.

 » On s’était rencontrées à l’hôpital où j’étais infirmière en chef. Elles participaient à un stage et une amitié naturelle s’est tout de suite déclenchée. Une d’entre elles, Micheline Blais, est toujours ma meilleure amie. Elle vit à Calgary et on cause régulièrement. Je les avais accueillies à mon logement. » Avant de revenir au Québec, Micheline Blais a dit comme ça à sa nouvelle amie, « Si jamais t’as le goût de visiter le Canada, dis le moi, je vais t’arranger ça  » .

 

« Mes deux nouvelles amies faisaient partie d’un groupe qui avait nolisé un avion pour se rendre en Haïti. Un membre de la délégation, un professeur d’Ottawa a décidé de poursuivre son voyage jusqu’en Jamaique et m’a offert son billet. J’ai hésité,longuement hésité, avant d’accepter et d’acheter le billet pour 30$ US. J’ai donné mon job d’infirmière en chef à une copine qui ne travaillait pas et j’ai quitté, même si Duvalier tentait de contrer l’exode des infirmières. »

Une fois arrivée à Dorval, elle s’est butée à un agent des douanes un peu zélé. Son projet de parfaire ses études à Montréal a failli avorter. « Je l’ignorais mais je devais fournir une lettre de l’école où j’allais poursuivre mes études. Le monsieur voulait me retourner dans mon pays sur le champ. C’est là que Micheline s’en est mêlée. Elle lui a dit qu’elle retournerait en Haïti avec moi s’il n’acceptait pas de m’aider . il m’a finalement accordé un mois pour me trouver une école. J’ai complété mes études en cours du soir dans un cégep et le jour j’ai travaillé dans une manufacture avant d’obtenir ma licence d’infirmière au Québec.»

 

Il y a eu le mariage avec Jean René Barbier, un biochimiste, le 16 mars 1974, après seulement deux mois de fréquentations, «le grand amour » . « Toujours le grand amour», a–t-elle insisté. Puis le déménagement en Outaouais en 1975. Et la carrière à l’hôpital d’Ottawa. les deux enfants et la retraite en 1999. Une retraite plutôt énergique.

Étude de gérontologie à l’Université du Québec afin de mieux accompagner sa chère maman qui est décédée en 2001, à l’âge de 84 ans. Et afin de réaliser le souhait de cette dernière, de créer des maisons d’accueil en Haiti pour des personnes âgées et itinérantes et démunies.

En 2003, Madame Renette Barbier a fondé sa première maison d’accueil en Haiti qui porte le nom de sa mère : Maison Mieux Vivre Marguerita.

Diplôme de spécialisation Professionnelle: lancement d’une entreprise (en 1999 afin de mieux diriger son organisme OTEI SOS HAITI).

Remette François Barbier poursuit ce qu’elle a entamé à son arrivée à Montréal en 1970. Les premières pages de son œuvre ont été écrites en 1972. Elle a aidé à la réalisation d’une école sur la terre familiale en payant le salaire de l’enseignante. « Je gagnais 80$ par semaine et je versais 30$ américains par mois à l’enseignante. Quelques mois plus tard, plus de 200 jeunes fréquentaient l’école. Des jeunes qui voulaient apprendre mais qui n’avaient pas l’occasion. Aujourd’hui ils sont 360 élèves et l’école compte cinq professeurs. Une école qui a pu bénéficier de la très grande générosité de l’école Saint-Judes de Gatineau et d’un professeur, Pierre Charlebois.»

Ce n’était que le début. Depuis le retour d’Haïti Renette François Barbier n’a jamais regardé derrière elle. Elle passe plus de temps en Haïti qu’ici.

Elle a été étroitement liée à la création de 4 bibliothèques en Haiti, un jardin d’enfants, deux écoles primaires, des blocs sanitaires, l’envoi d’aide humanitaires en Haiti. La mise sur pied de la maison d’accueil « Mieux Vivre Marguerita » pour les personnes âgées démunies à Roche à Bateau. La construction d’un orphelinat aux Gonaives, et d’une clinique médicale ou les gens du milieu sont fortement invités à contribuer. «Ils se sentent utiles et impliqués et c’est ce qu’ils veulent. » Son acharnement et sa grande vision ont mené à l’inauguration d’une autre bibliothèque et d’un jardin d’enfants.

 

« En septembre, il y a eu le terrible drame humain aux Gonaives. Je me suis réveillée et j’ai vu des images fortes à la télévision. Des enfants qui traînaient dans la boue. Je me suis dit, ils sont orphelins et qui va s’occuper d’eux. Ce sont les enfants qui sont venus me chercher…. »

 

Le temps de le dire et Renette François Barbier a mis sur pieds « SOS HAITI ». Le mouvement a déjà amassé 70 000$ et cinq conteneurs ont été remplis de vêtements et de matériel destinés aux survivants du passage de l’ouragan Jeanne. Madame Renette Francois Barbier s’est rendue elle-même en Haïti pour 9 semaines pour dédouaner et distribuer les 5 conteneurs de 40 pieds et pour construire un orphelinat aux Gonaives. L’orphelinat est construit et accueille 87 enfants depuis Octobre 2005. « Il y a tellement de gens à remercier et j’ai peur d’en oublier. La population est généreuse. Merci. Un gros merci. »

 

Autant d’efforts qui lui ont valu d’innombrables titres dont celui de la personnalité de l’année du mois des Noirs en 2002. Elle a été récipiendaire du prix Gérald Godin en 1999 pour sa contribution à l’intégration des jeunes des communautés culturelles à la société d’accueil. Elle a reçu comme distinctions :

 

• Prix d’altruisme de l’organisation Legacy

• Certificat de reconnaissance de Réseau Outaouais pour sa contribution à l’Insertion sociale et professionnelle des immigrants

• Certificat d’appréciation des Ressources Humaines et Développement des Compétences Canada pour son engagement auprès des étudiantes et étudiants dans le programme Placement Carrière Été

• Certificat de reconnaissance des Communautaires Haitiennes du Canada pour sa contribution à la Fierté de la Communauté Haitienne De la Capitale Nationale Dans le Domaine du Service Communautaire

• Certificat de reconnaissance du Regroupement des Femmes D’affaires et de Profession Noires de Montréal pour sa contribution au développement de sa communauté, et son inscription au calendrier 2002 du Mois de l’Histoire des Noirs

• Certificat de reconnaissance du gouvernement du Canada pour le service exceptionnel et la contribution en tant que bénévole

• Certificat du ministère des Relations avec les Citoyens et de l’Immigration pour la réalisation d’activités favorisant la participation civique

L’entrevue tire à sa fin et elle tend un calendrier réalisé par son organisme au journaliste, « 2004, une année mémorable » : un calendrier pour commémorer le bicentenaire de l’indépendance de l’Haiti .  Elle s’arrête à la troisième page. Tout est là dans le mot de la présidente un texte admirablement bien tourné :

 

Nous sommes environ quatre millions dans la diaspora et il nous faut un élan patriotique pour changer le visage d’Haiti chérie. Si cette génération vieillissante de la diaspora qui a encore des liens avec la mère patrie ne prend pas une initiative, Haïti ratera une occasion en or d’amorcer un développement durable d’autant plus que les enfants de cette diaspora, pour la plupart, n’ont jamais visité Haïti et n’auront aucun lien avec elle. Une tâche nous incombe, celle de travailler d’arrache pieds afin de produire des changements socio-économiques tant attendus et de passer le flambeau à la jeune génération, gage de conservation de notre patrimoine.
Madame Renette François Barbier, surnommée (mère Theresa)
1945-2012